Page:Sand - Journal intime.pdf/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

temps une petite image de quatre sous achetée sur le quai, des cigarettes faites par moi, un oiseau, un joujou, quelque chose pour tromper ma douleur et mon ennui, pour nie figurer que tu penses un peu à moi en recevant ces niaiseries ! Oh, ce n’est pas du calcul, de la prudence, la crainte du monde ! Sacredieu, ce n’est pas cela ! Je dis mon histoire à tout le monde. On la sait, on en parle, on rit de moi, cela m’est à peu près égal. C’est une contrariété bien petite auprès de la douleur qui est en moi ! Que mes ennemis se réjouissent ; je souffre, je ne pense guère à eux et, quand j’y pense, je les plains à trouver là leur joie. Je ne demande pas que tu viennes chez moi, que tu fasses des démarches pour prouver que je ne suis pas une malheureuse chassée à coups de pied. Tu m’as offert encore le dernier soir où je t’ai vu, de me rendre ces services-là. Ai-je accepté, dis-moi ? Rends-moi enfin justice, quand je la mérite. Mais, hélas, mon Dieu, tu dors, car il est onze heures du matin et tu ne m’entends guère ! Oui, je voudrais ton amitié. Mais je n’ai pas encore le droit de te faire croire à quelque chose de bon de mu part. J’irais maintenant te la demander que ce serait des orages à n’en plus finir et cela te fait du mal. Pour moi, mon Dieu, j’aimerais mieux des coups que rien. Rien. C’est ce qu’il y a de plus affreux nu monde, mais c’est mon expiation Ah ! Qu’on ne m’en demande pas d’autre ! Un cilice, le jeûne et