Page:Sand - Journal intime.pdf/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vaises plaisanteries, et il jugera mal ; il se détachera de moi. Il prendra une maîtresse alors, si ce n’est fait déjà. Mais la vérité triomphe, ô mon Dieu ! qui le sait mieux que moi ! Ce qui est mensonge se révèle, hélas ; mais qu’on fasse de bonnes actions, et cela se révèle par le même principe de fatalité qui m’a perdue. Ces hommes-là mêmes qui m’entoureront, me défendront et me justifieront. S’ils ne sont pas des forts et des gredins. Et s’ils le sont, ils seront connus pour tels et leur parole ne fera pas foi. C’est à moi d’ailleurs de les bien choisir et de les bien examiner. Je rétablirai ma cuisine aussitôt que j’aurai de l’argent. Je donnerai à dîner comme je faisais tous les jours u deux ou trois personnes. Je travaillerai, je sortirai, je tâcherai de me distraire, de me fortifier contre le désespoir qui est le plus funeste conseiller qu’il y ait et quand j’aurai mené cette vie honnête et sage assez longtemps pour prouver que je peux la mener, j’irai, il mon amour, te demander une poignée de main. Je n irai pas le tourmenter de jalousies et de persécutions inutiles. Je sais bien que quand on n’aime plus, ou n’aime plus. Mais ton amitié, il me la faut, pour supporter l’amour que j’ai dans le cœur et pour empêcher qu’il tue lue. Oh, si je l’avais aujourd’hui, hélas ! Que je suis pressée de l’avoir ! Quelle me ferait du bien ! Si j’avais quelques ligues de toi de temps en temps, un mot, la permission de l’envoyer de temps en