Page:Sand - Journal intime.pdf/91

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de ton nid hier soir avant que tes ailes soient poussées, et déjà installée sur mon doigt, dans mes cheveux, béquetant ma main et venant à moi quand je t’appelle. Qui te donne cette confiance dans ma force, et quel amour comptes-tu donc trouver en moi pour supporter et secourir ta faiblesse ? Ce pli de ma manche où tu te réfugies n’est pas ton nid, cette main qui t’offre la nourriture n’est pas le bec de ta mère. Tu ne peux te tromper si grossièrement. Tu n’as pas déjà perdu le souvenir de ta famille. Tu entends encore ta mère éplorée qui t’appelle et te cherche sur toutes les branches des arbres voisins, si elle osait elle volerait jusque sur cette fenêtre, si tu pouvais tu irais la rejoindre, car, je le vois, tu reconnais ses cris, par ton bel œil noir qui semble prêt à répandre des larmes ; ta petite tête encore chauve se tourne de tous côtés avec inquiétude et de ton sein s’échappent de faibles plaintes. Pauvre enfant, créature si frêle que la nature semble s’être jouée d’elle en lui donnant l’être. Il y a pourtant, dans cet atome emplumé, une parcelle d’intelligence et d’amour. Il y a de la divinité en toi, fauvette de huit jours ! Tu regrettes ta mère, et tes frères, et ton père, et ton nid, et ton arbre ; et une pâture plus agréable et plus propre à ton organisation délicate que celle que je puis te donner. Tu regrettes, car tu es triste, tu te souviens, car tu réponds à la voix du dehors qui