Page:Sand - Journal intime.pdf/94

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donner une indigestion et la faire descendre au tombeau ; ses plumes sont si rares et si courtes que si tu ne la tenais tous les jours dans ton sein, elle serait morte de froid en plein été.

Le diable m’emporte, Piffoël, cela signifie quelque chose. Il y avait longtemps que tu ne t’étais attaché aux bêtes comme cette année. Est-ce que tu aurais encore une fois déserté le culte de l’intelligence ? Est-ce que celui de la force te serait devenu si odieux, si insoutenable que tu serais retourné à la sollicitude pour les petits ? Pourquoi cette bête menue te semble-t-elle si adorable ? C’est qu’elle vient à ta voix se blottir dans le creux de ta main. C’est qu’elle te connaît, c’est qu’elle t’aime ; c’est qu’elle te sait bon et nécessaire. C’est que deux jours ont suffi pour qu’elle s’abandonnât à toi sans méfiance, c’est qu’elle n’aime et ne connaît que toi sur la terre aujourd’hui. De qui, Piffoël, pourrais-tu en dire autant ?


20 juin.

Accablement. Qu’as-tu, Piffoël ?


30 juin… 1er juillet..