Page:Sand - Lettres a Alfred de Musset et a Sainte-Beuve.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle aime. De tout temps, elle a vu beaucoup plus loin, pour Musset, que la « liaison » elle-même. Il semble même que, ce lien rompu, elle dépouille avec joie, la « maîtresse », pour devenir en quelque sorte l’amie amoureuse, l’instigatrice d’une vie nouvelle, l’inspiratrice d’idéal. Étrange guide, dira-t-on, pour l’auteur de Rolla que l’auteur de Lélia ! Elle en fut un pourtant, et le meilleur qu’alors Musset pût suivre. Car, si Rolla, c’était Musset, Lilia, ce n’était point — heureusement — George Sand. L’une avait seulement rêvé son roman ; l’autre, hélas ! avait vécu son poème. De là, chez lui, ces deux hommes dont l’un attire et l’autre repousse. De là, chez elle, cette double direction qu’elle essayait, avec une sagesse supérieure à ses livres et une bonté passionnée, d’imprimer à la fois à la conduite et à l’esprit de Musset. Nous ne dirons rien qui ne soit connu ; à peine ajouterons-nous çà et là quelques lignes inédites de Musset, dont l’introduction nous paraît nécessaire.

Écoutons-la d’abord :

« Oh ! je t’en prie à genoux ! pas encore de vin ; pas encore de filles ! C’est trop tôt. Songe à ton corps qui a moins de force que ton âme,