Page:Sand - Malgretout.djvu/40

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cun intérêt. Il vous suffira de savoir que, vers la fin de l’hiver, ses créanciers nous informèrent de ses folies. Il était de nouveau gravement endetté, et de nouveau on voulut s’adresser à mon père, dont on connaissait la générosité inépuisable ; mais mon père n’était plus en état de se sacrifier. Je pris l’affaire pour mon compte, je payai sans rien dire à personne. Adda approchait de son terme ; il était bien nécessaire de lui épargner tout chagrin et même toute préoccupation.

M. de Rémonville ne s’était point parjuré, il n’avait pas revu la femme qui l’avait dépouillé ; mais il en avait rencontré une seconde dont la toilette, les voitures et le mobilier se comptaient déjà par centaines de mille francs. Il est vrai que, n’ayant pas de quoi solder ces dépenses, il pouvait dire qu’elle ne lui coûtait rien.

Mon sacrifice n’était pas un chagrin qui pût pénétrer jusqu’à mon cœur, et j’y vis au contraire un sujet de joie, puisqu’au prix de mon argent je pouvais dérober à ma chère Adda la découverte de son malheur ; mais je fus effrayée pour son avenir. Que deviendrait-elle quand son mari m’aurait entièrement ruinée ? Je voyais bien que la vanité et la sottise de cet homme ouvraient sous nos pas un gouffre que rien ne pourrait combler. Adda était généreuse et désintéressée, mais très-incapable de lutter contre la misère, et d’ailleurs il était impossible que les scandaleuses galanteries de