Page:Sand - Malgretout.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passait pas moins toutes ses soirées dehors ; il donnait pour prétexte des relations obligées dans le monde ; ces relations n’étaient point les nôtres. Nous avions toujours vécu dans une douce intimité avec un groupe d’amis éprouvés et de connaissances choisies. Ce petit cercle ne paraissait pas lui suffire ; il connaissait tout Paris, disait-il, et sa position ne lui permettait pas de rompre avec les maisons qui l’avaient toujours accueilli avec distinction ; il prétendait aussi avoir des affaires. Mon père essaya de savoir lesquelles, offrant de l’aider et de le conseiller. Il fit entendre qu’il ne désirait pas nous associer à ces grandes occupations, et que, sa femme s’étant soumise à son besoin de liberté et n’en souffrant pas, il ne nous convenait pas de nous montrer plus curieux et plus exigeants qu’elle.

Je vis bien qu’Adda n’en prenait pas son parti aussi gaiement qu’il le prétendait, et qu’il lui avait inspiré une sorte de crainte. J’en fis part à mon père ; il ne vit pas lieu à s’en inquiéter beaucoup. Adda, un peu gâtée par nous, était un peu volontaire. Si l’amour était un frein pour elle, c’est qu’elle entrait dans la période du courage, du dévouement et de la raison nécessaires à une mère de famille. Mon père n’est pas insouciant, mais son âme est faite d’espérance et de charité. Il ne prévoit pas le mal, et il a de la peine à le voir.

Je n’ai pas à vous faire la confession détaillée de mon beau-frère. Cela n’est, en somme, digne d’au-