Page:Sand - Malgretout.djvu/42

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famille, que depuis longtemps il sollicitait un emploi dans la finance, qu’on ne lui en avait pas encore trouvé un qui répondît à son rang et à sa capacité, mais que des lettres de ses amis le pressaient de se montrer et de ne pas se laisser oublier, attendu que d’un moment à l’autre le ministre comptait pouvoir faire droit à sa demande.

Je ne fus pas dupe de ce prétexte pour s’éloigner, mais je dus feindre d’y croire et dissiper les soupçons que ma sœur commençait à concevoir. Le mari revint à l’automne. Les quinze jours de congé qu’il avait annoncés étaient devenus quatre mois d’absence ; la place qu’il devait obtenir avait failli lui être donnée. En revanche, il avait encore fait des dettes.

Que vous dirai-je ? En trois ans, les deux tiers de ma fortune y passèrent, et je n’obtins de lui, en retour de mes sacrifices, que la promesse de garder les apparences, de ne jamais rien demander à mon père et de ne pas se montrer en public avec l’indigne rivale de sa femme ; mais il était installé les trois quarts de sa vie dans la maison payée et meublée à mes frais, et tout Paris savait ses honteuses amours. Je ne crois pas qu’il aimât réellement la personne qui l’absorbait ; sa vanité s’enivrait du luxe qu’il lui procurait et de l’entourage qu’elle lui créait. C’était une créature à la mode qui recevait avec art, m’a-t-on dit. Rémonville déployait là sa faconde et trouvait des admirateurs