Page:Sand - Malgretout.djvu/55

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— Je la garderai précieusement, me dit-il. Vous ne pouvez me la reprendre, elle est à moi, vous me l’avez donnée, madame, et votre charmante petite fille me l’a fait gagner.

— Pourquoi donc y tenez-vous ? lui dis-je. Je n’avais pas l’honneur de vous connaître, vous ne me connaissez pas non plus…

— Non, je l’avoue, reprit-il, mais on m’a montré votre villa et on m’a dit le nom de la famille, et comme je connais M. de Rémonville, votre mari, je sais que cette famille est digne de tous les respects et de toutes les sympathies.

— Voici madame de Rémonville, lui dis-je en lui désignant ma sœur, qui était retournée à la fenêtre pour dire à la nourrice de rentrer le petit garçon.

Mon père, de son côté, parlait au valet de chambre pour qu’il portât le sac et la boîte à violon de l’artiste à son appartement. Abel fut comme seul avec moi un instant, et, après avoir jeté un rapide regard sur ma sœur, il reporta sur moi son œil contemplatif et pénétrant.

— Ainsi, dit- il d’une voix émue, ma sympathie pour votre voix et votre figure n’était pas un hasard de l’inspiration ? C’est bien vous qui êtes miss Owen, la seule, la vraie, comme on disait de moi tout à l’heure ?

— Vous ne pouvez ajouter la célèbre et l’incomparable, comme quand il était question de vous.