Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/260

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tro, vous ne me dites rien ? Voyons, les quolibets, les duretés d’habitude ! vous devez en avoir fait provision en voyage ?

LE MAESTRO, d’un ton rude qui dément ses intentions.

Flora, mon enfant, vous me voyez fort sérieux et fort triste. Tant mieux pour vous, si vous pouvez être en humeur de plaisanter : quant à moi, au lieu de faire provision d’ironie ou d’amertume contre vous, je me suis laissé gagner par la pitié, et c’est du fond de mon âme que je vous plains aujourd’hui !

FLORA.

Maître, cette pitié est fort charitable peut-être, mais je vous prie de me la garder pour le jour où je sentirai en avoir besoin.

NINA.

Allons, voilà que vous recommencez déjà à vous quereller ?

LE MAESTRO.

Non, ma bonne âme, sois tranquille. Je serai juste et paternel avec elle ; car j’ai l’ait bien des réflexions en venant ici. Je me suis surtout demandé si je n’étais pas coupable de sa faute.

FLORA, se radoucissant.

Vraiment, maître ? Si je vous disais qu’en effet…

LE MAESTRO.

Dites, dites-le, ma pauvre Flora, afin que cela ne m’arrive plus. Oh ! je sais bien que j’ai été trop doux, trop faible ! n’est-ce pas, c’est là mon tort ? c’est moi surtout qui vous ai gâtée ?

FLORA, riant avec dédain.

Vous ? Ah ! par exemple, voilà qui prouve comme on se connaît et comme on se juge soi-même. Vraiment ? vous vous repentez de votre indulgence envers moi ?

LE MAESTRO, naïvement.

Sans doute ! Alors, que me reprochez-vous donc ?

CAMILLE.

Rien ! elle vous aime, elle est bonne, elle est raisonnable.