Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/223

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FLAMINIO, souriant.

Bon ! bon ! nous verrons ça !

LA PRINCESSE, à Flaminio.

C’est un fort beau trait, monsieur, et tout à fait digne de vous. Je ne plains pas M. de Kologrigo ; un homme de son rang… et de son esprit n’attache pas plus d’importance à la perte de l’argent qu’à la piqûre légère de l’amour-propre.

KOLOGRIGO, qui a écrit sur son carnet, à Flaminio.

Monsieur, c’est à vous que j’ai affaire… Mais, tenez, voilà : c’est à vue.

Flaminio remet le papier au duc.
LA PRINCESSE, bas, à Kologrigo.

Allons, cher, montrez-vous grand seigneur !

KOLOGRIGO.

Oui, oui, merci, ma chère belle !

Il va saluer le duc, qui lui tourne le dos brusquement ; mais Gérard les force à s’aborder vers le fond à droite.
LA PRINCESSE, bas, à Flaminio.

Parlez à Sarah, triomphez de son dépit !

FLAMINIO.

Je ne vois ici de dépit chez personne !

LA PRINCESSE, bas, à Sarah.

Parlez-lui donc ! c’est insensé de braver ainsi l’homme qu’on a aimé !

SARAH, railleuse.

Vous trouvez ? (S’asseyant. Avec l’aisance de la conversation.) Vous dites que monsieur a voyagé en Asie ? C’est très-beau, l’Asie !

FLAMINIO, affectant la même tranquillité.

Oui, madame, quand on en est revenu.

SARAH.

Ah ! il en est ainsi de toutes les choses de ce monde.

FLAMINIO.

On ne se plaint pas de celles dont on peut se dégager.

SARAH.

Les gens sensés n’en connaissent pas d’autres.