Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

FLAMINIO.

Les gens sensés sont bien heureux !

GÉRARD.

Moi ? Je ne trouve pas. Et vous princesse ? ^

LA PRINCESSE.

Moi ? Je n’en connais pas. (À Kologrigo.) Et vous, comte ?

KOLOGRIGO, étonné.

Moi ?… Pardon… je n’y suis pas, je ne comprends pas.

LE DUC, à part.

Ça ne m’étonne pas !

SARAH, à Gérard.

Vous plaignez les gens raisonnables, vous avez donc la prétention de ne pas en être ?

GÉRARD.

C’est parce que j’en suis, hélas ! la réalité n’est pas toujours gaie !

SARAH.

Elle vous paraît triste ? Moi, je ne la trouve que plate.

FLAMINIO.

Ah ! la platitude est un travers bien répandu ; c’est à tel point, que les grands esprits s’adonnent parfois de préférence à la méchanceté.

LA PRINCESSE.

La méchanceté ? C’est peine perdue ! on s’en repent !

SARAH.

Et il vaudrait mieux n’avoir à se repentir de rien.

LA PRINCESSE.

De rien ! Je ne crois pas à la perfection. (À Flaminio.) Et vous ?

FLAMINIO.

J’y ai cru : mon cœur n’est pas de ceux qui n’ont point eu la confiance de la jeunesse, c’est-à-dire l’amour et la foi !

SARAH.

Vous avez dû être souvent dupe, alors ?

FLAMINIO.

De moi-même, peut-être… et je ne m’en repens pas !