Page:Sand - Valvèdre.djvu/179

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elles se tutoyaient et se servaient mutuellement. Toutes trois aimaient mademoiselle Juste, et, bien que Paule lui eût donné tort dans ses différends avec Alida, on sentait bien qu’elle la chérissait davantage. Alida était-elle aimée de ces trois jeunes filles ? Évidemment, Paule la savait malheureuse et l’aimait naïvement pour la consoler. Quant aux demoiselles Obernay, elles s’efforçaient d’avoir de la sympathie pour elle, et toutes deux l’entouraient d’égards et de soins ; mais Alida ne les encourageait nullement, et répondait à leurs timides avances avec une grâce froide et un peu railleuse. Elle les traitait tout bas de femmes savantes, la petite Rosa étant déjà, selon elle, infatuée de pédantisme.

— Cela ne paraît pourtant pas du tout, lui dis-je : l’enfant est ravissante… et Adélaïde me paraît une excellente personne.

— Oh ! j’étais bien sûre que vous auriez de l’indulgence pour ces beaux yeux-là ! reprit avec humeur Alida.

Je n’osai lui répondre : l’état de tension nerveuse où je la voyais me faisait craindre qu’elle ne se trahît.

D’autres jeunes filles, des cousines, des amies arrivèrent avec leurs parents. On passa au jardin, qui, sans être grand, était fort beau, plein de fleurs et de grands arbres, avec une vue magnifique au bord de la terrasse. Les enfants demandèrent à jouer, et tout le monde s’en mêla, excepté les gens âgés et Alida, qui, assise à l’écart, me fit signe d’aller auprès d’elle. Je