Page:Sand - Valvèdre.djvu/71

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nous sommes rencontrés de nouveau tout à l’heure, là-haut, dans la galerie. Elle est toute franche, toute confiante, cette grande fille ; elle est venue à moi pour savoir si je n’avais pas recueilli sur mon chemin quelque nouvelle de son frère.

— Dont vous ne saviez rien ?

— Pardon ! avec de l’argent, on sait toujours ce qu’on veut savoir. Voyant ces dames inquiètes, j’avais, dès hier au soir, dépêché le plus hardi montagnard de Varallo vers la station présumée de M. de Valvèdre. Ah ! dame ! cela m’a coûté cher ; pendant la nuit et par des sentiers impossibles, il a prétendu que cela valait…

— Faites-moi grâce des écus que vous avez dépensés. Vous avez des nouvelles de l’expédition ?

— Oui, et de très-bonnes. La sœur a failli me sauter au cou. Elle voulait tout de suite me présenter à madame de Valvèdre ; mais celle-ci, qui avait passé la journée dans son lit, était en train de se lever et m’a remis à tantôt. Voilà, mon cher ! ce n’est pas plus malin que ça ?

Moserwald ne dissimulait plus ses projets ; il avait trop besoin de se vanter de son habileté et de sa libéralité pour être prudent. Ma jalousie essaya de se calmer. Que pouvais-je craindre d’un concurrent si vain et si vulgaire ? N’était-ce pas faire injure à une femme exquise comme l’était Alida que de redouter pour elle les séductions d’un Moserwald ?

J’allais le questionner davantage quand Obernay