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D’autres études suivirent qui ne furent pas moins goûtées.

En 1880 par un volume : Les Médaillons publié chez A. Lemerre, il se révéla poète, non certes de large envergure ou de raffinement excessifs mais digne de quelque estime. On était loin de la poésie solennelle et subjective de ce Leconte de Lisle dont le poète avait déjà esquissé la figure dans une de ses études de critique, mais il y avait dans ces vers un certain charme de distinction et une pointe d’originalité qui relevaient les thèmes intimes et familiers dont le recueil était formé. À feuilleter aujourd’hui ces pages, nous trouverons peut-être éclairés quelques recoins de l’âme intime du brillant sceptique qu’on a tant célébré. Tour à tour, devant nous, défileront toutes celles qui firent battre son cœur d’étudiant et de jeune professeur, car non moins que François Coppée, et, avec un égal abandon d’intimité et de prosodie, M. Jules Lemaître ne nous en fait mystère :

Dans un pensionnat de fillettes elle est
Sous-maîtresse, De noir vêtue et très jolie,
— Petite mère aimante et qui toujours s’oublie —
Elle excelle à montrer aux enfants l’alphabet.

Nous verrons encore de cruelles couturières se jouer de sa candeur et même parfois des Nini-voyou faire la fête avec le poète, car, nous déclare-t-il,

Au fond, nos désirs jamais las
Ont soif d’infini. Plus de doutes
Jeunes filles je vous veux toutes
Et c’est stupide n’est-ce pas ?