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la femme.

polies et de menues complaisances qu’ils prennent pour de la bonté ; ils éprouvent des emballements subits du cœur qui leur font déverser, en une fois, tout ce qu’il contient de généreux et de charmant… Je ne sais si je me trompe, cousine ; mais il me semble que la vraie Bonté est tout autre. Et, quoique j’en sente mieux les effets que je ne puis les expliquer, je vais y tâcher, cependant, de mon mieux.

La bonté, telle que je l’imagine et telle que je la vénère, ne doit pas, je crois, aller à l’aveuglette comme une petite folle ; ni courir de-ci de-là, au hasard ; ni s’aventurer imprudemment pour rebrousser chemin ensuite ; ni s’étourdir de mots et de gestes ; ni s’effondrer dans les larmes ; ni demeurer sans courage après que les yeux ont séché ; ni voisiner avec la faiblesse, pas plus qu’avec l’étourderie…

La bonté, ma cousine, puise sa source la plus pure dans un cœur réfléchi. Il peut être pitoyable et, tendre à souhait ; mais, avant tout, il faut qu’il sache « discerner » et ne point confondre la sensiblerie avec la sensibilité, les bontés avec la Bonté.

Or, ma cousine, la plupart des gens qui se croient bons — s’étonnant eux-mêmes de leur vertu — ne font que suivre l’impulsion de leurs