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bavardes et bavardages.

s’accoutume à ne plus jamais s’entretenir avec soi-même, d’où l’abolition de toute vie intérieure, l’effroi maladif de la solitude, une recherche maniaque du mouvement et du bruit. »

El c’est justement de cette vie intérieure dont je voudrais m’entretenir avec vous, car le bavardage en lui-même n’est point chose haïssable. Je connais, pour ma part, des bavardes exquises : ce sont celles qui usent leurs paroles sans compter, dans le seul but de mettre un hôte à l’aise, de dissiper les soucis, du mari et de ramener la joie autour d’elles. Leurs lèvres expriment des mots qui répandent l’intimité, la clarté et la vie. Ce bavardage-là peut n’être pas toujours spirituel : il est bienfaisant, parce qu’il vient de la volonté de rendre heureux et que le cœur y entre pour la plus grande part. Je le préfère mille fois au silence paresseux et renfrogné de certains esprits profonds, qui attendent vainement un auditoire digne d’apprécier leurs discours, et croiraient s’abaisser en disant avec simplicité des choses simples… comme si le plus charmant devoir d’une femme n’était point d’égayer la maison de ses propos aimables, et d’être, en un mot, divinement bavarde.

Seulement, c’est là qu’il s’agit de distinguer !

La bavarde qui nous ravit de son délicieux