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Y A-T-IL ÉCHANGE d'o ET d'^ DANS LE GRÉCO-ITALIQUE? 51

est «2- En ce qui concerne axnv (cf. axiivîa) qu'on rapproche du lat. ëgeo, il y aurait en tous cas à tenir compte de la glose âexnveç* Trévr|Teç (Hes.). — L'exemple le plus saillant qu'on ait cité pour la prétendue équivalence d'e et d'à, c'est le grec éXiKri «saule» = lat. sâlix (vieux haut-ail. salaha); mais ici encore on pourra répliquer que éXÎKri est un mot arcadien, et l'on pourra rappeler Ziépedpov = pdpadpov et autres formes du même dialecte^ (Gelbke, Stu- dien II 13).

Au sein du grec même — il ne s'agit pas ici des différences de dialecte — on a souvent admis un échange d'e et d'à. Comme nous avons eu occasion de le dire au § 4, ce phénomène est limité à une classe de racines chez lesquelles l'a étant un produit récent des liquides et nasales sonantes, n'est pas en réalité un a. Nous ne croyons pas que cet échange se présente nulle part ailleurs. Il nous semble superflu d'ouvrir ici une série d'escarmouches étymo- logiques dont l'intérêt serait fort médiocre. Déjà le fait qu'il n'est aucun des cas allégués qui ne prête à la discussion suffit à éveiller les doutes. Un simple regard sur la flexion verbale permet de cons- tater que là du moins il n'y a pas trace d'un a remplaçant l'e en dehors des racines à liquides et à nasales. Autant le paradigme TpéTTUJ, ëipaTTOV, TéTpa)ii|Liai, èrpdqpdriv est commun dans ces deux dernières classes, autant partout ailleurs il serait inouï. Un exemple, il est vrai, en a été conjecturé. M. Curtius est porté à croire juste la dérivation que font Aristarque et Buttmann de l'aor. pass. homé- rique éçiqpdn (èm b' daîriç âdqp&n, Hiade XIII 543, XIV 419). Le mot semble signifier suivre dans la chute, ou selon d'autres rester at- taché, adhérer. Partant du premier sens, Buttmann voyait dans édqpdr) un aoriste de êiroinai, rejetant l'opinion qui le rattache à ctTTTUJ. Dans tous les cas personne ne voudra sur une base aussi frêle soutenir la possibilité de Vablaut ea dans la flexion verbale. Avant de s'y avouer réduit, il serait légitime de recourir aux éty- mologies même les plus hasardées (cf. par exemple got. sigqan «tomber», ou bien skr. sang «adhérer»; a serait alors représentant d'une nasale sonante).

Examinons encore trois des cas où l'équivalence d'e et d'à est le plus spécieuse: vé(/')uu «nager», vd(/")uj (éol. vaùu)) «couler» ; cf. skr. snaûti. Comment une même forme primitive a-t-elle pu

��2. C'est avec intention que nous nous abstenons de citer ZéXXw, qui en apparence serait un parallèle meilleur.

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