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que aussi difficile d’obtenir pour cela du bles que leur gouvernement de prat crédit. L’association coopérative de produc- l’assistance, de donner l’enseignement..

que aussi difficile d’obtenir pour cela du crédit. L’association coopérative de production ou de crédit lui permettra d’y arriver, comme il pourra, avec l’association de consommation, vivre mieux et avec plus d’économie.

Notre époque encore ne se distingue pas par l’industrie seulement elle a poussé loin, et c’est son honneur, l’étude des arts et des lettres. Mais les travaux faits dans le silence du cabinet, souvent ne reçoivent de relief et ne sont récompensés et par suite provoqués que par la publicité ou les encouragements que leur donnent les associations de savants et d’artistes. Souvent même ces associations produisent des travaux utiles au public et qui viennent de la collaboration de leurs membres, qui ainsi n’auraient pas été produits par ces membres s’ils étaient restés isolés. Mais l’un des grands bienfaits de l’association dans nos sociétés modernes c’est, en faisant produire à l’initiative privée tous ses effets, de permettre de diminuer les attributions du gouvernement. Cet envahissement du pouvoir public est le grand danger de notre époque. L’État moderne prétend tout faire en disant aux particuliers vous êtes trop faibles et trop peu consistants pour agir ; seul j’ai assez de force et de durée. Sans doute, des particuliers isolés seront très faibles, mais ils cesseront de l’être s’il leur est permis de s’unir ; sans doute, un particulier soumis à tous les accidents de notre vie mortelle ne peut faire que de courtes ou d’incertaines entreprises, mais une association dont les membres tout en se renouvelant restent animés du même esprit pour chercher un même but, cette association peut se permettre quelque durée et quelque consistance.

Elle en aura souvent plus et elle aura une autre compétence que nos très instables gouvernements modernes. Que ceux-ci ne parlent plus de desseins suivis ni de valeur technique la tendance n’est-elle pas aujourd’hui de considérer les fonctions publiques comme destinées moins à servir la chose commune qu’à récompenser le parti qui tient le pouvoir

 ? Les gouvernements doivent donc se 

borner à ce qui fait leur raison d’être, c’està-dire à maintenir la sécurité au dehors et au dedans, ainsi qu’à assurer quelques services indispensables. Mais qu’ils s’abstiennent d’aller au delà. Pourquoi prétendraient-ils construire des chemins de fer, creuser des canaux  ? Les particuliers le font aussi bien qu’eux et à moins de frais. Non sans doute des particuliers isolés, mais des citoyens auxquels on aura permis de s’associer. Ces mêmes particuliers ne sont-ils pas plus capa-

bles que leur gouvernement de pratiquer l’assistance, de donner l’enseignement, d’assurer ce qui regarde leur culte  ? Et que demandent-ils pour cela  ? Seulement qu’on les laisse s’associer et agir sans y mettre obstacle.

Ne voyons-nous pas même actuellement des associations privées suppléer à ce qui manque de connaissance ou de force à ces gouvernements si pleins de l’idée de leur puissance  ? Que ferait l’administration de l’assistance publique si des associations charitables ne la soulageaient pas du plus grand nombre des pauvres qu’il y a en France  ? L’administration sanitaire de la guerre suffiraitelle à sa tâche en cas de guerre et dans un pays quelconque, si des sociétés privées dites de la Croix rouge ne venaient ajouter leurs forces à la sienne  ? Lorsqu’il faut représenter l’industrie française dans les expositions étrangères, ou même rendre la justice en matière commerciale, le gouvernement est heureux de s’adresser aux associations professionnelles organisées par les industriels en dehors de tout concours officiel. Les documents de législation étrangère que le ministère de la justice rassemble pour permettre aux Chambres législatives de se renseigner au sujet de la confection de leurs projets de loi, sont traduits et mis en ordre par les soins d’une association privée, la Société de législation comparée, dont le ministère a dû s’assurer le concours.

Ceci n’est point particulier à notre pays. En Angleterre, en Allemagne, en Hollande, ce sont des sociétés privées qui ont fondé, par leurs forces propres, telle ou telle colonie, souvent importante et c’étaient ces mêmes associations qui nous avaient jadis donné, à nous Français, un empire colonial dont nous pouvions être fiers. A New-York, la Société fondée pour la protection de l’enfance se charge de rechercher les infractions aux lois protectrices de l’enfance et de les signaler à la justice.

Voilà quelques marques de l’utilité des associations privées avouées par les pouvoirs publics, mais ces associations sont de différentes sortes et ont de multiples objets. 2. Diverses sortes d’association.

I. Associations religieuses. On entend par là, non seulement les associations formées de personnes qui s’unissent pour mener une vie commune, c’est l’association la plus intime, mais aussi les sociétés érigées par les fidèles d’un même culte qui s’entendent pour construire des églises, les pourvoir et les soutenir. Ces sortes d’associations sont rares en France, mais fréquentes aux États-


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