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ettre des imprudences, « parce tiples maîtrisées et leurs opérations réglées, portée à commettre des imprudences, « parce qu’elle compte sur la faveur du gouvernement qui, au besoin, va la soustraire au droit commun et la dispenser de l’obligation de payer ses créanciers. Où est la banque privilégiée qui n’ait sollicité la faveur de la banqueroute et ne l’ait pas obtenue 1’ ? » « Quand les directeurs d’une banque privilégiée se trompent sur l’état du marché, sur la nature et les causes d’une crise, et recourent inopportunément à des mesures restrictives, personne n’est là, en face du monopole, pour redresser l’erreur commise, toute l’économie du pays est frappée au cœur et l’on revient d’autant plus difficilement et plus lentement sur la méprise, que les effets n’en sont rien moins que pénibles pour la banque égarée, les plus forts dividendes se rencontrant dans les années des crises les plus graves 2. » « Au contraire, les banques libres, ne jouissant d’aucune protection spéciale pour la banqueroute et stimulées par la concurrence qui les effacerait si elles restaient longtemps dans l’inaction, ont hâte de reprendre les payements chez elles les suspensions sont de courte durée 3. » Dans le Traité d’économie politique de Joseph Garnier se trouve ceci « Au moment du danger, les banques libres se partagent les chances du sinistre. Intéressées à continuer leur crédit aux clients, elles préviennent les crises 4. » Enfin, dans l’Enquête de 1866, des déposants ont allégué ce qui suit : « Les banques libres sont forcées d’accepter réciproquement leurs billets, par conséquent de s’observer les unes les autres, de s’avertir mutuellement, et en se signalant le péril de le signaler au public. L’exclusion ne tarde pas à mettre un terme à l’existence d’une banque dont les pratiques ou la situatior menaceraient d’introduire des éléments dan. gereux dans la circulation fiduciaire. » Il faut d’abord écarter l’argument de Co. quelin. Ainsi que nous l’avons relaté ci-des sus d’après les autres économistes, ce n’es pas vers les banques privilégiées que se por tent les capitaux flottants ou inactifs, c’es vers les banques libres qui les attirent et payant un intérêt, et c’est un de leurs mérites L’engorgement qui, selon Coquelin, se fai dans les caisses des premières et favorise le spéculations, n’a jamais existé que dans so : imagination.

Les raisonnements des autres économiste ne sont pas absolument convaincants. On n’ jamais vu, sauf en Écosse, les banques mu i. La liberté des banques, p. 395. . La liberté des banques, p. 444. . La liberté des banques, p. 409. . Chap. xx, § 6.

e tiples maîtrisées et leurs opérations réglées, non par la concurrence même, comme l’a dit t Joseph Garnier, mais au moyen d’un cone trôle mutuel qui a modifié la concurrence. Partout ailleurs, ces banques ont usé de la a faculté qui leur appartenait d’agir chacune à » part soi comme bon leur semblait, opérant isolément, faisant le plus d’affaires possible, r donnant chacune à leurs moyens d’action le plus de développement possible. C’est même par là que le progrès s’est accompli. Assurément, toutes les banques multiples ne rivalie sent pas à qui grossira sa clientèle par des facilités de crédit, sans regarder aux désastres qui peuvent en résulter, comme l’ont supts posé Rossi et d’autres ordinairement, le plus la grand nombre d’entre elles savent mesurer les conditions de leur crédit et se tenir le mieux possible en état de parer aux embarras éventuels ; mais il n’est pas en leur pouvoir de neutraliser les cessations de crédit es que d’autres amènentparleurs imprudences, es comme Joseph Garnier leur en a fait hon,te neur.

es En Écosse même, le contrôle mutuel n’a pas toujours montré qu’il possédât la vertu d’oobliger les banques à s’observer les unes les nt autres et à préserver des dangers en s’avernt tissant et en avertissant le public. En 1857, ti- deux des principales banques, la Western n- bank et la City of Glascow bank, ne se soude tinrent pendant longtemps qu’au moyen it : d’expédients onéreux et extrêmes elles sucter combèrent lorsque les autres banques finimt rent par ouvrir les yeux et refusèrent de les tir secourir.

de Où voit-on les banques multiples, au moment du danger, se partager les chances du me sinistre et prévenir les crises, comme l’a dit on le même économiste ? Quand le danger se manifeste, chaque banque se met sur la défensive, tâche de pourvoir à son propre salut et laisse les autres se tirer d’affaire .es- comme elles peuvent. Les plus solides font tête à l’orage, se maintiennent ou se relèvent or- après avoir faibli ; les autres succombent. est Si elles peuvent posséder en bloc une plus en grande somme de capitaux et d’encaisses que tes. les banques uniques, cette somme n’en est pas moins divisée et inégalement répartie ; les les banques ne la mettent pas en commun son pour parer aux embarras qui arrivent. On ne les a guère vues se secourir et se soutenir mutuellement, comme le supposait L. de Lavergne1. . En 1889, il s’est passé à Paris, à propos de la crise du Comptoir d’escompte, un fait qui parait démentir cette opinion. Mais il ne faut pas oublier que l’influence gouvernementale peut beaucoup dans les circonstances de ce genre, et l’influence gouvernementale s’est ,exercée, en 1889, avec