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NATURELS 25 AGIO

erritoires presque inhabitables, dans une si- tinctions. Elles revendiquent, pour l’État,

territoires presque inhabitables, dans une situation géographique mauvaise, sont parvenus à pousser au plus haut point, chez eux, la puissance productive. Qui n’admire la merveilleuse énergie des Hollandais disputant pied à pied, à la mer, le sol de leur pays  ? 3. Appropriation des agents naturels.

Quoique cette question de l’appropriation des agents naturels relève plus particulièrement de l’appropriation (voy. ce mot), il est utile d’indiquer dans quelles conditions cette appropriation se produit.

Certains agents naturels sont susceptibles d’appropriation tels sont la terre proprement dite, les cours d’eau, etc. d’autres ne le sont pas, comme le vent, la chaleur. Nous avons vu que les agents naturels ne pouvaient être utilisés sans travail. Or, toutes les fois que ce travail peut agir sur la force naturelle elle-même, il y a appropriation. Ainsi l’on construit des barrages à travers une rivière pour régulariser et augmenter le débit d’eau nécessaire à la roue d’un moulin. Il est donc indispensable que la propriété de cette force appartienne à une personne déterminée ayant intérêt à entretenir et à utiliser cette force. Mais qui sera cette personne l’État ou un particulier  ? Il faut, pour résoudre ce problème, considérer si l’agent naturel peut être soumis au système d’appropriation par liberté ou à celui d’appropriation par autorité. Quand il s’agit de la terre cultivable, il est facile de se convaincre que le seul système d’appropriation qui convienne à cet agent naturel est celui par liberté. Une surface de terre est déterminée, en effet, en quantité, et distinguée par des limites ; elle puise dans le grand réservoir qui est au-dessus d’elle l’air, la chaleur, l’humidité, etc., sans que l’on puisse indiquer dans quelles proportions, et sans que le travail du propriététaire puisse accaparer ces agents naturels dans l’espace infini. Pour un cours d’eau, les mêmes conditions ne se présentent pas toutes ; là nous voyons une force limitée en quantité ; chacun me peut en prendre sa part comme il prend sa part de soleil, d’air, etc. Il semble donc que l’appropriation par autorité s’impose. Cependant, dans la plupart des cas, l’État délègue sa propriété, sous certaines conditions et charges, à des particuliers, qui ont intérêt à administrer cette force à meilleur marché que les agents de l’autorité. Lorsque l’appropriation par liberté est impossible, comme pour les rivages de la mer, ports, canalisations etc., il y a appropriation par autorité ; l’État, le département, ou la commune administrent.

Les écoles socialistes ne font point ces dis-

tinctions. Elles revendiquent, pour l’État, la propriété de tous les agents appropriables d’abord parce qu’elles nient que la propriété actuelle soit établie suivant la justice ensuite, parce qu’elles soutiennent, qu’aux mains de l’État, les agents naturels seraient mieux administrés. Elles ne tiennent compte ni du développement économique de la société, qui ne se fait pas sans difficultés naturelles, ni de l’influence féconde qu’a toujours, sur le travail de l’homme, la responsabilité individuelle. Ces questions, qui concernent l’établissement de la propriété moderne et les lois agraires, relèvent plus particulièrement d’autres mots. (Outre le mot APPROPRIATION, V. AGRARIAN LAWS et SOCIALISME.)

On a agité la question assez inutile de savoir si l’on paye les services des agents naturels appropriés. Bien que ce sujet soit traité dans d’autres parties de ce dictionnaire, on peut dire que ce que l’on paye, ce n’est point tant la force naturelle elle-même, que la force utilisable fécondée par le travail, entretenue et régularisée. D’ailleurs, quel que fût le système d’appropriation, il faudrait toujours payer pour administrer et diriger cette force. La science démontre que l’appropriation par liberté est plus avantageuse que l’appropriation par autorité, pour conserver des agents naturels qui tendent à échapper à chaque instant à la domination de l’homme et pour lesquels il faut des soins incessants. Malgré leur gratuité, des agents naturels non appropriables sont laissés de côté. L’armateur ne préfère-t-il pas, pour ses navires, le charbon qu’il paye au vent qu’il ne paye pas  ? Et il agit ainsi, tout simplement parce qu’il gagne du temps, parce qu’il obéit à la loi de l’économie les forces. L’art industriel a tellement multiplié et organisé les forces naturelles, développé les propriétés des corps, que toute cette augmentation de puissance productive qui vient des inventions à travers les siècles, peut être consi- dérée comme gratuite pour l’homme. ANDRÉ LiESSE.

AGIO. Agio est un terme de banque qui, dans son origine, indique la différence entre l’argent courant et l’argent dit de banque.

Dans les anciennes banques de dépôt (Amsterdam, Hambourg, Venise, Gènes) la monnaie de banque avait généralement une valeur un peu différente de celle de la monnaie de même dénomination qui circulait dans le pays ; c’est cette différence qu’on appelait agio (mot italien corrompu qui signifie plusvalue).


AGIOTAGE