Page:Say - Traité d’économie politique, 1803, II.djvu/58

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que ce n'était pas le prix des biens nationaux qui augmentait, mais bien celui des assignats qui diminuait ; et que plus celui-ci diminuait, plus il était forcé d'en émettre pour obtenir les mêmes denrées.

Les derniers assignats ne portaient plus qu'ils étaient payables à vue. À peine s'aperçut-on de ce changement ; car les derniers n'en étaient pas moins payés que les précédens, qui ne l'étaient pas du tout. Mais le vice de leur institution s'en découvre mieux. En effet on lisait sur une feuille de papier : domaines nationaux, assignat de cent francs, etc. Or que voulaient dire ces mots cent francs ? De quelle valeur donnaient-ils l'idée ? De la quantité d'argent qu'auparavant on appelait cent francs ? Non : puisqu'il était impossible de se procurer cette quantité d'argent avec un assignat de cent francs. Donnaient-ils l'idée d'une étendue de terre égale à celle qui aurait valu cent francs en argent ? Pas davantage ; puisque cette quantité de terre ne pouvait pas plus être obtenue avec un assignat de cent francs, même des mains du gouvernement, qu'on ne pouvait obtenir cent francs d'espèces.