Page:Say - Traité d’économie politique, 1803, II.djvu/59

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De façon que, tout discrédit à part, une somme en assignat ne présentait l'idée d'aucune valeur ; et le gouvernement aurait joui de toute la confiance qu'il n'avait pas, que les assignats ne pouvaient éviter de tomber à rien.

On sentit cette erreur dans la suite et lorsqu'il ne fut plus possible d'acheter la moindre denrée pour quelque somme en assignat qu'on en offrît. Alors on créa des mandats, c'est-à-dire un papier avec lequel on pouvait se faire délivrer, sans enchère, une certaine quantité de biens nationaux ; mais on s'y prit mal dans l'exécution, et d'ailleurs il était trop tard.

Certes, je suis loin de conseiller à aucun gouvernement d'émettre un papier-monnaie dont le cours ne peut jamais, ainsi que je l'ai dit, se soutenir qu'avec des moyens violens ; mais tout gouvernement qui voudrait commettre cette injustice, la commettrait du moins d'une façon raisonnable, en donnant comme papier-monnaie des promesses à payer à des époques déterminées, une certaine quantité déterminée, d'une marchandise quelconque déterminée aussi ; un certain poids d'argent fin par