Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/81

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dans la première partie de son ministère, alors qu’il voulait rallier les Juifs et les Chrétiens sans fonder une religion précisément nouvelle, qu’il plaça les paroles suivantes dans la bouche divine : « Je destine ma miséricorde […] à ceux qui suivent l’envoyé, le prophète illettré qu’ils trouveront signalé dans leurs livres, dans le Pentateuque et dans l’Évangile »[1].

Une fois à Médine, Mahomet plus puissant, mais plus combattu et mieux informé, sentit la difficulté de soutenir ce système si intrépidement énoncé. D’une part il essaya de préciser ses prétentions, d’autre part il sembla les abandonner pour se jeter dans une voie tout opposée. D’une part, en effet, il redoubla d’audace comme pour sommer ou défier les chrétiens par cette prétendue citation : « Jésus, fils de Marie, disait : Ô enfants d’Israël ! je suis l’apôtre de Dieu envoyé vers vous, pour confirmer le Pentateuque qui vous a été donné avant moi, et pour vous annoncer la venue d’un apôtre après moi, dont le nom sera Ahmed »[2]. Ahmed, c’est-à-dire le glorieux, à peu près synonyme de Mohammed c’est-à-dire le glorifié : il est fort possible que nous entendions ici un écho mal répété et mal compris de l’annonce du consolateur par notre Seigneur dans le chapitre XVI de Saint-Jean ; mais nous ne croyons pas pouvoir attribuer au Prophète en personne, qui ne savait pas le grec, le bizarre système de la théologie musulmane sur le nom du Paraclet, système que nous développerons un peu plus bas.

D’autre part, et surtout, Mahomet voyant bien que le

  1. S. VII, v. 156. Pour la classification chronologique des sourates, de la Mecque et de Médine, v. Gust. Veil, Mohammed der Prophet, sein Leben und seine Lehre, Stuttgart 1843, p. 364 et s. — V. aussi le ch. XII de Sprenger, n. 4.
  2. S. LXI, v. 6.