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EPITRE.


ne vit plus, ne paraîtra pas étrange à ceux qui sauront un peu l’histoire des dédicaces. Mr. de Fontenelle a dédié ses nouveaux Dialogues des morts à Lucien, qu’il n’avoit jamais ni vu ni connu. Mr. de la Motte a dédié une de ses tragédies à un de ses patrons déjà enterré ; et vous-même vous avez dédié vos nouvelles à Mr. Moreau déjà expiré, et sa mort ne vous a point empêché de faire imprimer l’épître que vous lui destiniez. Il est beau d’imiter de si grands modèles.

Le plaisir toujours nouveau que j* ai pris à lire vos œuvres, est le principal pour ne pas dire l’unique motif qui m’a engage à en procurer cette édition. Car enfin j’en ai toujours aimé la lecture, et je trouve ridicule le dégoût de certains Catons austère, qui méprisent souverainement tout ce qui a l’air d’enjouement et de badinage. Je préfère à leur misanthropie impertinente le jugement d’un des plus sages magistrats qu’ait eu la France, je veux dire le premier président Guillaume de La moignon. Peut-être ne savez-vous pas qu’il possédoit