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A M. COSTAR.


danser la sarabande et les matassins dans un corps paralytique. Un si beau prodige mérite d’être considéré par les Philosophes curieux : l’histoire ne la doit pas oublier ; et s’il me prenoit fantaisie d’être historien, comme je suis historiographe, je ne le compterois pas pour le plus petit miracle de notre tems, qui a produit de si grands miracles. Ce n’est point mon dessein de diminuer la gloire des morts, avec lesquels même j’ai eu amitié : mais il y a differens degrés de gloire ; et quoique la qualité d’Apôtre ne soit pas un titre peu considérable dans une famille chrétienne, il faut avouer que le martyre du fils est quelque chose de plus rare que l’apostolat du père. Quels seroient là-dessus les sentimens de votre Séneque, qui a pris autrefois tant de plaisir à traiter semblables matières, et qui en a cherché si souvent les occasions ? N’est-il pas vrai que la fiére et orgueilleuse vertu, qu’il a tant louée, et qui se vantoit d’être a son aise dans le taureau de Phalaris, et de pouvoir dire qu’il y fait bon, n’a été que la simple figure de cette vertu si douce et si humble, qui sait mettre en œuvre les paradoxes de l’autre, et ne se vante de rien ? Concluons donc k l’honneur du malade de la reine, ou qu’il