Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/24

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traires ; la langue allemande surtout, qui en est la forme la plus parfaite, par la richesse de son vocabulaire, par la multiplicité de ses tours et de ses inversions, par la grande liberté de ses mouvements, est plus favorable à l’invention et rend sans effort les idées nouvelles et les idées étrangères ; et grâce à l’originalité de ses formations, elle est, plus qu’aucune langue moderne, l’expression immédiate et naïve des sentiments primitifs, des faits de la conscience. Mais d’un autre côté, à cause de son extrême ductilité et de cette liberté même qui lui est propre, elle se prête facilement à l’usage le plus arbitraire, et devient un instrument docile à toutes les licences de l’imagination et à toutes les aberrations de l’esprit spéculatif le plus excentrique. De là il est arrivé qu’il n’y a plus en Allemagne un langage philosophique commun et le même pour tous, et que tel philosophe non-seulement est intraduisible, mais encore inintelligible même aux esprits les plus cultivés de sa propre nation, tant qu’ils n’ont pas fait une étude spéciale de sa langue.

Il est inutile d’insister sur tant d’autres différences encore, comme celle de la religion, celle