Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/25

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des mœurs, celle des institutions littéraires et politiques, pour faire sentir combien, après cinquante années de marche solitaire, les diverses philosophies de l’Europe, et surtout celle de la France et celle de l’Allemagne, ont dû se trouver en désaccord, et combien, lorsqu’elles ont voulu s’entendre, les difficultés ont dû paraître grandes, sinon insurmontables.

Le moment où ce besoin d’intelligence devait se faire sentir ne pouvait manquer d’arriver. Il arriva après que chacune des trois grandes nations philosophiques eut épuisé la direction particulière ou elles s’étaient respectivement engagées, et alors qu’une paix générale leur permit de s’approcher autrement que sur les champs de bataille.

En Angleterre, l’empirisme avait dégénéré en utilitarisme et en philosophie du sens commun et de l’instinct ; la philosophie proprement dite y était à recommencer, puisque c’est précisément au-dessus de l’expérience et du principe de l’utile qu’elle veut s’élever, et que c’est cette autorité même du sens commun qu’elle met en question.

En France, le sensualisme de Locke et de Condillac s’était traduit en matérialisme universel