Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/37

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temporaires, et revêtue de formes qui ont vieilli. Le temps présent est héritier de tous les temps passés, mais il n’accepte en quelque sorte cet héritage que sous bénéfice d’inventaire. Chaque nouvelle génération est l’élève de toutes celles qui l’ont précédée ; mais grandie par elles, elle modifie les idées qu’elle a reçues, en y ajoutant, et elle transmet aux races futures cette immense succession plus riche et sous une forme nouvelle.

De même encore, parce qu’une philosophie étrangère ne doit ni ne peut être introduite au milieu d’une nation parce que, telle qu’elle est, elle ne peut convenir qu’au peuple au sein duquel elle s’est formée, il ne s’ensuit point que l’on ne doive pas étudier les systèmes exotiques que l’on ne puisse leur emprunter les idées principales et les approprier au génie de son pays. Les nations peuvent apprendre les unes des autres sans porter atteinte à leur indépendance, comme les individus peuvent s’étudier réciproquement sans cesser d’être eux-mêmes, et comme le siècle actuel a recueilli l’héritage des siècles passés, sans que pour cela il soit destitué de toute originalité.

Il ne faut pas que l’orgueil national, qui peut être fort bien placé ailleurs, vienne mettre des