Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/41

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feront au profit de la vérité. La vérité, que tous aiment et poursuivent, en sortira plus pure et plus complète, et rien de ce qu’il y a dans les diverses nationalités de vraiment grand et de bon ne saurait s’effacer sous son bienfaisant empire.

Si c’est une chose naturelle, inévitable, que toute philosophie porte le cachet du caractère de la nation au sein de laquelle elle est née ; s’il est même vrai de dire que nulle philosophie ne peut exercer une utile influence sur la vie de tout un peuple qu’autant qu’elle est nationale, c’est-à dire qu’elle correspond à ses besoins et qu’elle s’adapte à son génie il est vrai aussi que plus une philosophie est empreinte de nationalité, plus elle est loin de la vérité. Hegel a insisté plus que personne sur l’espèce de fatalité qui préside aux destinées de la philosophie, et qui fait dépendre les systèmes et du caractère individuel des génies originaux, et surtout de l’esprit des temps et de l’esprit des peuples ; mais il a dit aussi que la philosophie en général est d’autant plus riche et plus complète qu’elle est plus récente et moins pénétrée de nationalité.

Que chaque nation poursuive sa route et s’abandonne son génie : cette variété d’existences