Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/47

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Pour caractériser en peu de mots l’individualité philosophique de M. Cousin, nous dirons qu’il sentit la nécessité de s’élever de l’empirisme qu’il trouva autour de lui, et qu’il reconnaît encore pour point de départ, à une philosophie rationnelle et fondée sur des principes universels. L’empirisme qui constituait ce qu’on appelle la philosophie du dix-huitième siècle, était un sensualisme pur, c’est-à-dire cette doctrine selon laquelle toutes les fonctions, toutes les facultés de l’esprit, toutes les idées et le syllogisme lui-même, ne seraient que la sensation persistante, répétée, combinée ou transformée. Or, cet empirisme, M. Cousin l’admet en ce sens, que l’observation en général et celle de la nature humaine en particulier lui paraît le seul point de départ légitime de toute philosophie, et que, selon lui, de tous les faits psychologiques, la sensation est le premier et le plus prochain. Mais il ne s’arrête pas à ce fait, et il déclare que si, quant au principe de la méthode, il se rattache à la philosophie française, il s’en sépare dans l’application ; qu’une observation impartiale fait voir dans la conscience des phénomènes que nulle construction ne peut ramener légitimement à la seule sensation. Le premier de ces phénomènes est, selon lui ; ce qui est oppose à ce qui est purement passif dans l’impression sensible : c’est ce qu’il appelle activité, puis personnalité et volonté, et il prétend que cette activité libre et