Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/59

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progressif n’était pas dialectique dans ce sens, il refusait toute méthode à cette même philosophie à laquelle il était redevable du principe de sa propre méthode, c’est-à-dire de la possibilité de construire un système à sa manière ; c’était le moyen le plus simple de. s’emparer de ce qu’elle renfermait de plus propre et de plus original.

Cependant le mouvement logique propre à la notion se soutient, comme on pouvait le prévoir, tant que le système se développe dans les limites de ce qui est purement logique ; mais dès l’instant qu’il faut en sortir pour placer le, pied sur le terrain de la réalité, le mouvement dialectique s’arrête et se rompt. Alors il faut recourir à une seconde hypothèse : l’idée, on ne sait trop pourquoi, ennuyée peut-être, de son existence purement logique, s’avise de se décomposer dans ses moments, afin d’expliquer la création. La première supposition de cette philosophie, qui prétendait n’avoir besoin de rien supposer, fut d’attribuer à la notion purement logique la faculté de se transformer par sa nature même en son contraire, et puis de retourner à soi, de redevenir elle-même : chose qu’on peut bien penser d’un être réel, vivant, mais qu’on ne saurait dire de la simple notion que par la plus absurde des fictions. La seconde supposition fut d’imaginer que l’idée, ou la notion complète, puisse se rompre en quelque sorte, se séparer d’elle-même pour passer dans