Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/70

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nous appelons cause, n’est que la cause en action. Or, l’expérience immédiate ne nous donne dans la volonté que la cause en acte, et non le principe insaisissable et invisible de cette cause que nous concevons nécessairement. La cause en action n’équivaut pas à la cause en soi. La volonté donne la cause en acte, la raison seule peut donner la cause en soi, la substance[1]. Mais en s’élevant ainsi vers la raison, qui seule peut donner la substance, l’auteur n’applique-t-il pas déjà cette notion de substance ? Il nous semble que non-seulement il applique déjà cette idée, mais même celle du principe de la substance, dont M. Cousin ne parle pas, quoique ce principe doive être tout aussi bien reconnu que le principe de la causalité. Mais il applique le principe et par conséquent l’idée en parlant de facultés, de sensibilité, d’activité, de raison. Car le simple fait ne donne pas la faculté mais seulement un acte ; conclure d’un simple fait à un pouvoir, suppose le principe et par conséquent l’idée de substance. Car qu’est-ce qu’un pouvoir ou une faculté, si ce n’est une cause en soi, une cause en repos, une cause virtuelle, et qu’est-ce qui conduit l’auteur à l’idée de faculté, si ce n’est que les phénomènes, les faits contingents qu’il trouve dans la conscience, doivent avoir pour fondement quelque chose d’essentiel qui ne change point, une substance (id quod substat) ?

  1. Préface de l’ouvrage posthume de M. de Biran, p. XXXIII.