Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/73

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nière dont jusqu’ici on se l’est représenté, mais en montrant qu’elle est elle-même le prius posé subjectivement, rétabli de l’objectivité dans sa priorité et sa subjectivité primitive.[1]

Mais cette explication suppose un procès, que l’auteur paraît toujours encore peu disposé a admettre. C’est là qu’est peut-être la cause à la fois de ce qu’il y a de défectueux et dans sa propre philosophie et dans sa manière de juger la philosophie allemande. Car c’est précisément dans cette idée du procès que consiste le véritable progrès de

  1. Pour comprendre ces paroles, il faut se rappeler que, dans le système de M. de Schelling, il y a identité absolue entre le monde idéal et le monde réel, le sujet et l’objet, les idées et les choses ; que la raison elle-même, en tant qu’absolue, est l’identité du réel et de l’idéal, et que selon lui, l’objet de la philosophie est de connaître l’essence de toutes choses au moyen des idées de la raison. Du sein de l’absolu se développe la nature dans deux ordres corrélatifs, le réel et l’idéal, les choses et les idées. Ni les idées ne se conforment aux choses, ni les choses ne se conforment aux idées ; elles coexistent et se développent dans une parfaite identité. La raison, subjective dans l’homme, vient de l’objet en ce sens que les idées ne se révèlent en elle qu’à l’occasion des objets ; mais comme elle est une copie, une image de la raison absolue, elle est réellement indépendante des objets, elle leur est antérieure, le prius posé subjectivement, la raison dans un être fini, s’élevant par l’observation des choses jusqu’à l’intuition des idées et se rétablissant ainsi dans son indépendance ; dans sa priorité et sa subjectivité primitive. (N. du trad.)