Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/74

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la philosophie moderne, et non dans la matière des propositions : c’est dans sa méthode qu’est la véritable essence de la philosophie allemande. Nous n’entendons pas parler ici du procès dans son application impropre et abusive à l’idée logique ; mais du procès réel de cette philosophie qui la première a fait usage de cette notion importante[1].

Le dernier sommet métaphysique est atteint par la nécessité que la raison impose à la conscience, de remonter des deux causes limitées, le moi et le non-moi, qui, en tant que limitées, ne sauraient être de véritables causes, à la cause proprement dite, à la cause absolue, qui les a fait être et qui les maintient[2]. C’est à ces notions générales qui, comme on le voit, ne renferment rien d’un véritable savoir, que se borne tout. Il est encore à remarquer que l’auteur croit sa philosophie suffisamment distinguée du panthéisme, par cela seul que Dieu n’est pour lui qu’a titre de cause, n’étant substance absolue qu’en tant que cause absolue. Selon M. Cousin, le Dieu de Spinosa est une pure substance et non une cause. La vérité est que le Dieu de Spinosa n’est pas une cause transitive et accidentelle ou voulant avec liberté mais bien une cause immanente et

  1. Nous demandons la permission de nous servir de cette expression de procès pour traduire le mot allemand Prozess. Nous l’expliquerons dans une note placée à la fin de cet opuscule.
  2. Voyez la Préface de M. Cousin, p. XXII.