Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/76

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à remarquer que Jacobi lui-même a plus tard rectifié sa philosophie dans ce sens. Le mot misologie, que Tennemann lui avait appliqué, lui inspira une telle frayeur que, cédant à d’autres influences encore, il pria, dans la dernière édition de ses œuvres, le lecteur de substituer le terme entendement. (Verstand) à celui de raison (Vernunft) partout où la raison serait nommée avec une sorte de mépris, et réciproquement de mettre raison pour entendement partout où il serait question d’un entendement intuitif. C’était là, il est vrai, un amendement insuffisant ; mais, en général, Jacobi s’efforça, dans les derniers temps, de rationaliser sa doctrine autant que cela était possible, et de faire sa paix avec la raison. Sa foi, comme un de ses plus zélés partisans a cru pouvoir l’assurer après la mort de Jacobi et peu avant la sienne, fut une foi purement rationnelle.

Plus loin, M. Cousin parle de ses rapports personnels avec les philosophes allemands contemporains. On ne pourra s’empêcher d’admirer la confiance de jeune homme avec laquelle l’auteur, qui de son propre aveu ne comprenait de Hegel que peu ou rien, a pu ensuite, comme il le dit lui-même, aller l’annoncer, et prophétiser en quelque sorte le grand homme[1] ! On peut voir, dans cet écrit même et ail-

  1. Le passage de la préface de M. Cousin, où il parle de sa première rencontre avec Hegel, étant celui qui a été le plus attaqué en Allemagne, tant par les disciples de Hegel que par