Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/78

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ont une véritable intelligence de leur philosophie, il peut être assuré qu’ils ne peuvent qu’approuver sa sage réserve[1], et qu’ils ne l’ont jamais blâmé pour ne s’être pas fait en France le prôneur de quelque philosophie d’Allemagne. Il a senti incontestablement que la philosophie allemande est encore livrée à un travail[2] dont la vraie crise, qui expliquera ce travail, est encore à attendre. Il ne pouvait jamais descendre, lui, à profiter, pour produire un effet momentané, de l’épuisement des esprits blasés, pour qui, ce qu’il y a en soi de plus repoussant, a le plus d’attraits (qu’on songe seulement au grossier scandale du saint simonisme !). Qu’ils nous soient les bienvenus les esprits plus vifs, s’ils veulent étudier et examiner avec nous, mais non pas lorsqu’ils prétendent juger avant d’avoir appris, ou lorsque, semblables à d’aventureux corsaires, effleurant les rivages de la science allemande, abordant tantôt ici, tantôt là, ils s’imaginent déjà être les maîtres du pays. C’est une chose affligeante, sans doute, de voir le ton et les manières de l’esprit de parti politique faire invasion dans le domaine de la science

  1. C’est-à-dire que, malgré la profonde impression que Hegel fit sur M. Cousin, malgré l’amitié qui les a liés, M. Cousin ne s’est pas fait le partisan de Hegel, et n’a vu en lui qu’un illustre disciple de Schelling. (N. du trad.)
  2. Ici M. de Schelling se sert encore du mot procès. Voir notre note à la fin.