Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/82

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phie, à une fleur, à un animal, à l’univers. Comme on voit, M. de Schelling reproche a Hegel d’avoir abusivement appliqué la notion du procès ou de la transformation par progrès à l’idée logique, tandis que dans son système à lui se trouve le procès réel (der Realprozess), ou l’application de cette méthode aux choses mêmes, non pas seulement aux choses matérielles, mais encore aux choses morales et intellectuelles. Son principe est le procès réel, absolu, universel. Expliquer comment de la plénitude primitive, absolue, virtuelle est sorti l’univers, le monde physique et le monde moral, voilà le problème de sa philosophie, de toute philosophie réelle.

C’est donc de cette notion du procès que M. de Schelling invite M. Cousin à faire usage, notion sans laquelle, selon lui, il n’y a pas de véritable philosophie, pas de véritable savoir. Hegel aussi, d’accord en ceci avec celui qui fut son maître, regarde cette idée comme essentielle à la connaissance philosophique. « Héraclite, dit-il, est le premier qui ait énoncé la nature de l’infini, et le premier qui ait saisi la nature comme infinie en soi, et son essence même comme en procès. C’est de lui qu’il faut dater l’existence de la philosophie. » Voyez ses Vorlesungen über die Geschichte der Philosophie, t. I, p. 346.


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