Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/81

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auquel toutes choses sont livrées et dont le feu est le substratum, la vie universelle, le procès général de l’univers ; les diverses phases de ce mouvement sont dans son langage les moments principaux du procès réel de la vie. C’est la notion du procès qui, selon Hegel, constitue le fondement de la philosophie de la nature. D’après cette notion il y a dans la nature un développement progressif de ce qui d’abord n’est qu’en puissance ; il n’y a partout que transition d’un degré à un autre degré, que transformation d’un élément dans un autre élément ; nulle forme n’existe pour elle-même ; elle n’est que la condition d’une forme nouvelle et définitive. Pour la science physique positive, au contraire, il n’y a ni métamorphose proprement dite, ni transition : l’eau est de l’eau, le feu du feu, comme dit Hegel ; chaque production, chaque forme de la nature est considérée en elle-même comme fait, et dans son existence particulière. Elle réduit bien les corps composés à des corps simples ; elle admet le mélange et la composition ; mais elle suppose l’immutabilité des élémens et l’indépendance des formes.

Il y a du reste plusieurs espèces de procès, ou, pour mieux dire, cette notion s’applique de diverses manières et à toute espèce de développement vers un but déterminé. Il faut distinguer du procès absolu le procès relatif que la chimie admet, comme par exemple celui par lequel l’eau se transforme en vapeur et la vapeur retourne en eau. Il y a le procès simple, le procès individuel, le procès universel, etc. Cette idée s’applique également aux choses physiques et aux choses intellectuelles et morales, à l’histoire du monde, l’histoire de la philoso-