Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/41

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princier accompli. Quand les princes furent nés, elle leur envoya sa « Naissance des enfans de France » où elle prédit l’avenir et donne aux nouveau-nés des encouragements et des exhortations. Du doigt elle leur indique les Turcs à combattre, la gloire à conquérir et les vertus dont l’exercice assurerait le bonheur à leurs sujets. Plus tard, elle écrit encore une « Institution du prince » en deux parties. Elle lui recommande de méditer les trois conditions posées par Plutarque à l’homme qui veut atteindre à la perfection : « la nature, l’enseignement et l’exercitation ». Elle l’exhorte encore à garder la foi en Dieu qui consiste en deux points : l’antique religion et l’équité de la vie.

Dans un billet adressé à son ami Chapelain, Balzac l’épistolier se plaint de la lenteur que Mademoiselle de Gournay met à mourir et, impatienté, il s’écrie : « Je vous jure qu’on m’avoit asseuré qu’elle estoit morte, outre que la dernière fois qu’elle m’escrivist elle me mandoit que c’estoit pour la dernière fois, et qu’elle ne pensoit pas avoir le loysir d’attendre ma response en ce monde. Je la tenois femme de parolle et me l’imaginois desjà habitante des champs-élysées ; car, comme vous sçavés, elle ne connoist point le sein d’Abraham, et n’eust jamais grande passion pour le Paradis. »

Balzac se trompait. Non seulement Mademoiselle de Gournay était chrétienne, mais encore elle s’occupait volontiers de théologie, et s’intéressait à la conversion des infidèles. Elle admirait saint François de