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essai sur le libre arbitre

produits par les causes prises dans le sens le plus étroit du mot, comme la force vitale est à la source des phénomènes produits par les excitations. Et de même que toutes les forces de la nature, il est, lui aussi, primitif, inaltérable, impénétrable. Chez les animaux, il varie d’espèce à espèce ; chez les hommes, d’individu à individu. Ce n’est que dans les animaux supérieurs les plus intelligents que se montre déjà un caractère individuel nettement défini, au dessus duquel le caractère général de l’espèce se révèle toujours encore comme dominant.

Le caractère de l’homme est : 1° Individuel : il diffère d’individu à individu. Sans doute, les traits généraux du caractère spécifique forment la base commune de tous, et c’est pourquoi certaines qualités principales se retrouvent chez tous les hommes. Mais il y a là une telle différence dans le plus et le moins, dans la combinaison des qualités et leur modification les unes par les autres, que la dissemblance morale des caractères peut être considérée comme égale à celle des facultés intellectuelles, ce qui veut beaucoup dire, — et que toutes les deux sont incomparablement plus considérables que les inégalités corporelles entre un géant et un nain, entre Apollon et Thersite. C’est pourquoi l’action d’un même motif varie tant d’un homme à un autre, de même que la lumière du soleil blanchit