Page:Schopenhauer - Essai sur le libre arbitre, 1880, trad. Reinach.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
essai sur le libre arbitre

spécialement à cette question (le De Servo Arbitrio)[1], combat avec toute sa violence la doctrine du libre arbitre. Quelques passages de ce livre suffisent pour caractériser son opinion, à l’appui de laquelle il invoque naturellement des raisons théologiques et non philosophiques. Je les cite d’après l’édition de Séb. Schmidt, Strasbourg, 1707. — Page 145 : « C’est pourquoi il est écrit dans tous les cœurs que le libre arbitre n’existe point : bien que cette vérité soit obscurcie par tant d’argumentations contradictoires, et l’autorité de tant de grands hommes. — Page 244 : Je veux avertir ici les partisans du libre arbitre, pour qu’ils se le tiennent pour dit, qu’en affirmant le libre arbitre, ils nient le Christ. — Page 220 : Contre le libre arbitre militent tous les témoignages de l’Écriture

  1. Le De Servo Arbitno, auquel Érasme de Rotterdam répondit par un ouvrage plein de verve (De Libero Arbitrio) a été publié pour la première fois à Wittemberg, 1545-1559. Il n’a jamais été traduit en français. Nous pensons que nos lecteurs nous sauront gré de leur donner un échantillon de la langue si vigoureuse, quoique souvent barbare, du Réformateur : Quare simul in omnium cordibus scriptum invenitur, liberum arbitrium nihil esse, licet obscuretur tot disputationibus contrariis et tantâ tot virorum auctoritate, — Hoc loco admonitos velim liberi arbitrii tutores, ut sciant, sese esse abnegatores Christi, dum asserunt liberum arbitrium. — Contra liberum arbitrium pugnabant scripturœ testimonia, quotquot de Christo loquuntur. At ea sunt innumerabilia, immo tota scriptura. Ideo, si scripturâ judice causam agimus, omnibus modis vicero, ut ne iota unum aut apex sit reliquus, qui non damnet dogma liberi arbitrii.