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essai sur le libre arbitre

cause peut être suffisante, c’est-à-dire nécessitante, et cependant que l’effet ne suivra pas.

P. 485. — « Tout événement, quelque contingent qu’il puisse sembler ou quelque volontaire qu’il puisse être, est produit nécessairement[1]. »

Dans son fameux livre de Civé, c. 1, § 7, il dit : « Tout homme est porté à rechercher ce qui lui est utile, et à fuir ce qui lui est nuisible, mais surtout le plus grand des maux naturels, la mort ; et cela par une nécessité naturelle non moins rigoureuse que celle qui entraîne la pierre dans sa chute. »

Aussitôt après Hobbes nous voyons Spinoza, qui est imbu de la même conviction. Pour caractériser son opinion à ce sujet, quelques citations seront suffisantes :

Eth., Pars 1, propos. 32. La volonté ne peut être appelée cause libre, mais seulement cause nécessaire. — Corol. II Car la volonté, comme toute

  1. Le point de vue auquel s’est placé Hobbes n’est certainement pas très-élevé : mais il n’est pas juste de dire qu’il ait confondu la liberté morale avec la liberté physique. Le passage que nous venons de traduire suffirait pour montrer l’inexactitude de ces paroles de Jouffroy : « La première manière denier la liberté humaine est celle qui déplace cette liberté, et la met où elle n’est pas. C’est là ce que Hobbes a fait. Hobbes s’est arrêté à cette conception vulgaire du mot liberté que nous adoptons tous quand nous disons qu’un homme qui était enchaîné et qui maintenant ne l’est plus, a recouvré sa liberté, etc. » (Cours de Droit naturel, v. 1, p. 27.)