Page:Schopenhauer - Essai sur le libre arbitre, 1880, trad. Reinach.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
mes prédécesseurs

du journal français la Presse dans le Times du 2 juillet 1845, d’où je le traduis[1]. Il a été publié sous ce titre : Une exécution militaire à Oran. « Le 24 mars un Espagnol du nom d’Aguilera, alias Gomez, avait été condamné à mort. Le jour avant l’exécution, il dit, dans une conversation avec son geôlier : « Je ne suis pas aussi coupable qu’on l’a prétendu : on m’accuse d’avoir commis trente meurtres, tandis que je n’en ai commis que vingt-six. Dès mon enfance j’eus la soif du sang : quand j’avais sept ans et demi, je poignardai un enfant. J’ai assassiné une femme enceinte, et plus tard un officier espagnol, en suite de quoi je me vis forcé de m’enfuir d’Espagne. Je me suis réfugié en France, où j’ai commis deux crimes avant d’entrer dans la légion étrangère. De tous mes crimes, celui que je regrette le plus est le suivant : en 1841 je fis prisonnier, à la tête de ma compagnie, un commissaire-général, escorté d’un sergent, d’un caporal et de sept hommes : je les fis tous décapiter. La mort de ces gens pèse sur moi : je les vois dans mes rêves, et demain je les verrai dans les soldats envoyés pour me fusiller. Et néanmoins, si je recouvrais ma liberté, j’en assassinerais d’autres encore. »

Le passage suivant, tiré l’Iphigénie de Gœthe,

  1. L’article du Times, qui est fort long, a été abrégé par Schopenhauer.