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essai sur le libre arbitre

à la question de l’Académie Royale : maintenant, cette même réponse, fondée sur on examen direct et immédiat du sens intime, c’est-à-dire à priori, se trouve confirmée médiatement et à posteriori : car il est évident que lorsqu’une chose n’existe point, on ne saurait trouver dans la conscience les données nécessaires pour en démontrer la réalité.

Quand même la vérité que j’ai démontrée dans ce travail appartiendrait à la classe de celles qui peuvent échapper à l’intelligence prévenue d’une multitude aux vues bornées, et même paraître choquantes aux faibles et aux ignorants, une telle considération ne devait toutefois pas me retenir de l’exposer sans détours et sans réticences ; car je ne m’adresse pas en ce moment au peuple, mais à une Académie éclairée, qui n’a pas mis au concours une question aussi opportune en vue d’enraciner plus profondément les préjugés, mais en l’honneur de la vérité. — En outre, tant qu’il s’agit encore d’établir et de consolider une idée juste, celui qui poursuit loyalement la vérité doit toujours considérer uniquement les arguments qui la confirment, et non les conséquences qu’elle peut entraîner, ce qu’il sera toujours temps de faire quand cette idée sera solidement établie. Peser uniquement les raisons, sans se préoccuper des conséquences, et ne pas se demander tout