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conclusion et considération plus haute

posteriori, de la rigoureuse nécessité avec laquelle les actes humains résultent du caractère et des motifs comme un produit de ses facteurs, est un datum également sans prix, une vérité à la seule lumière de laquelle on peut découvrir la solution du problème tout entier. Aussi toute théorie qui ne peut pas s’appuyer sur une démonstration solide et scientifique doit s’effacer devant une vérité aussi bien fondée, partout où elle se trouve en opposition avec elle, bien loin que le contraire ait lieu : et sous aucun prétexte la vérité ne doit se laisser entraîner à des accommodements et à des concessions, pour se mettre en harmonie avec des prétentions énoncées au hasard, et peut-être erronées.

Qu’on me permette encore une observation générale. Un regard jeté en arrière sur le résultat acquis nous donne l’occasion de remarquer que pour la solution des deux problèmes qui ont été désignés déjà dans le chapitre précédent comme les plus profonds de la philosophie moderne, et dont les anciens par contre n’avaient qu’une connaissance vague, — je veux dire le problème du libre arbitre et celui du rapport de l’idéal et du réel, — la raison saine, mais (philosophiquement) inculte[1], n’est pas seulement incompétente, mais a même

  1. C’est-à-dire le sens commun, ou plutôt ce qu’on appelle vulgairement « le gros bon sens. »