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essai sur le libre arbitre

est vraiment bien comprise, en se réfugiant à l’abri de cette même conscience immédiate, et en répétant à satiété : « Je peux faire ce que je veux, et ce que je veux, je le veux. » C’est un expédient auquel il recourra sans cesse, de sorte qu’il sera difficile de l’amener à envisager tranquillement la véritable question, qu’il s’efforce toujours d’esquiver. Et qu’on ne lui en veuille point pour cela : car elle est vraiment souverainement embarrassante. Elle plonge pour ainsi dire une main investigatrice dans le plus profond de notre être : elle demande, en dernière analyse, si l’homme aussi, comme tout le reste de la création, est un être déterminé une fois pour toutes par son essence, possédant comme tous les autres êtres de la nature des qualités individuelles fixes, persistantes, qui déterminent nécessairement ses diverses réactions en présence des excitations extérieures, — et si l’ensemble de ces qualités ne constitue pas pour lui un caractère invariable, de telle sorte que ses modifications apparentes et extérieures soient enlisement soumises à la détermination des motifs venant du dehors ; — on à l’homme fait seul exception à cette loi universelle de la nature. Mais si l’on réussit enfin à fixer solidement sa pensée sur cette question si sérieuse, et à lui faire clairement comprendre que ce que l’on cherche ici c’est l’origine même de ses volitions, la règle, s’il