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la volonté devant la perception extérieure

On peut donc considérer comme appartenant au règne végétal tout corps, dont les mouvements et modifications particulières et conformes à sa nature se produisent toujours et exclusivement sous l’influence de l’excitation.

3° La troisième forme de la causalité motrice est particulière au règne animal, et le caractérise : c’est la motivation, c’est-à-dire la causalité agissant par l’intermédiaire de l’entendement. Elle intervient dans l’échelle naturelle des êtres au point où la créature ayant des besoins plus compliqués et par suite fort variés, ne peut plus les satisfaire uniquement sous l’impulsion des excitations, qu’elle devrait toujours attendre du dehors ; il faut alors qu’elle soit en état de choisir, de saisir, de rechercher même, les moyens de donner satisfaction à ces nouveaux besoins. Voilà pourquoi, dans les êtres de cette espèce, on voit se substituer à la simple réceptivité des excitations, et aux mouvements qui en sont la conséquence, la réceptivité des motifs, c’est-à-dire une faculté de représentation, un intellect, offrant d’innombrables degrés de perfection, et se présentant matériellement sous la forme d’un système nerveux et d’un cerveau, avec le privilège de la connaissance. On sait d’ailleurs qu’à la base de la vie animale est une vie purement végétative, qui en cette qualité ne procède que sous l’influence de l’excitation. Mais tous