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la volonté devant la perception extérieure

Savoir si on corps donné se meut d’après des excitations ou d’après des motifs, c’est ce qui ne peut jamais faire de doute même pour l’observation externe (et c’est à ce point de vue que nous nous sommes placés ici). L’excitation et les motifs agissent en effet de deux manières si complètement différentes, qu’un examen même superficiel ne saurait les confondre. Car l’excitation agit toujours par contact immédiat, ou même par intussusception, et là où le contact n’est pas apparent, comme dans les cas où la cause excitatrice est l’air, la lumière, ou la chaleur, ce mode d’action se trahit néanmoins parce que l’effet est dans une proportionnalité manifeste avec la durée et l’intensité de l’excitation, quand même cette proportionnalité ne reste pas constante à tous les degrés. Dans le cas, au contraire, où c’est un motif qui provoque le mouvement, ces rapports caractéristiques disparaissent complètement. Car ici l’intermédiaire propre entre la cause et l’effet n’est pas l’atmosphère, mais seulement l’entendement. L’objet agissant comme motif n’a absolument besoin, pour exercer son influence, que d’être perçu et connu ; il n’importe plus de savoir pendant combien de temps, avec quel degré de clarté, et à quelle distance (du sujet), l’objet perçu est tombé sous les sens. Toutes ces particularités ne changent rien ici à l’intensité de l’effet ; dès que l’objet