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LE DESTIN DE L’INDIVIDU

Montre ta force, destin. Nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes.

Ce qui est décrété, doit être, et que cela soit ainsi.

 

(letzt du deine Macht, o Schicksal, zeigen :
Was seyn soll musz geschehen, und keiner ist sein eigen.)

 

Gœthe, lui aussi ; dit dans Götz von Berlichingen (Acte V) : « Nous, hommes, nous ne conduisons pas notre destinée : tout pouvoir sur nous est laissé aux mauvais esprits ; et leur malveillance travaille à notre ruine. » Dans le Comte d’Egmont l’on trouve également (Acte V, scène dernière) : « L’homme croit conduire sa vie, se diriger lui-même ; et sa vie intérieure est irrésistiblement faite par son destin. » Déjà le prophète Jérémie avait dit : « L’action de l’homme n’est pas en son pouvoir, il n’est au pouvoir de personne de décider comment il agira, quelle voie sera la sienne » (10, 23). On peut comparer avec cela : Herodote, livre I, chap. xci et IX, chap. xvi et aussi les dialogues des morts de Lucien XIX et XXX. Les anciens ne cessent pas de célébrer en vers et en prose la toute-puissance du destin et de souligner ainsi l’impuissance de l’homme en face de lui. On